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20251219_rapport_epiphare_fluoroquinolones
PUBLIÉ LE 19/12/2025

Fluoroquinolones : une consommation en baisse mais des mésusages qui persistent

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Entre 2014 et 2023, l’utilisation des fluoroquinolones en France a diminué de moitié, passant de 4,8 à 2,2 millions de délivrances annuelles. Néanmoins, les deux tiers des prescriptions en 2023 seraient non conformes aux recommandations les plus récentes, exposant les patients à des risques d’effets indésirables très rares mais graves, parfois invalidants et irréversibles.
Face à ce constat, nous continuons d’améliorer l’information des patients et de sensibiliser  les professionnels de santé à un usage approprié des fluoroquinolones, antibiotiques dont le recours ne doit s’envisager que dans certaines indications très limitées.
Les fluoroquinolones sont des antibiotiques très efficaces contre certaines infections bactériennes graves, pouvant engager le pronostic vital des patients. Leur utilisation est cependant strictement encadrée, en raison de leurs potentiels effets indésirables graves : tendinopathies, des troubles cardiaques et vasculaires, des neuropathies périphériques, des troubles neuropsychiatriques ou encore une photosensibilisation ; elles sont également impliquées dans le développement de résistances bactériennes.

Ces effets peuvent survenir dès les premières heures de traitement ou dans les jours qui suivent. Leur gravité impose une information claire du patient sur la pertinence de la prescription et l’interruption immédiate du traitement en cas de symptômes évocateurs.

Le rapport bénéfice/risque de l’usage aux fluoroquinolones doit être pesé systématiquement par le prescripteur pour chaque patient : les fluoroquinolones ne doivent être prescrites que lorsqu’elles représentent le meilleur choix thérapeutique, quand d’autres antibiotiques sont inefficaces ou contre-indiqués, conformément aux recommandations en vigueur. Elles doivent être évitées dans des situations où d’autres antibiotiques peuvent être utilisés. Elles ne doivent pas être prescrites pour traiter des infections non sévères ou spontanément résolutives.
  Liste des fluoroquinolones par voie orale ou injectable
  • Ciprofloxacine (Ciflox, et génériques)
  • Lévofloxaxine (Tavanic et génériques)
  • Ofloxacine (Oflocet, Monoflocet, génériques)
  • Norfloxacine (génériques)
  • Moxifloxacine (Izilox et génériques)
  • Delafloxacine (Quofenix)

Le mésusage se concentre lors du traitement des infections urinaires et prostatiques  

Une nouvelle étude observationnelle menée par Epi-Phare a analysé l’évolution du mésusage des fluoroquinolones par voie orale chez les adultes à trois dates repères (2014, 2019 et 2023) à partir des motifs de prescription enregistrés dans la base THIN (The Health Improvement Network, réseau de bases de données européennes issu de dossiers de santé électroniques) par un échantillon qui représente les médecins généralistes français. L’objectif de cette étude était d’évaluer la fréquence et les caractéristiques de ces prescriptions au regard de l’évolution des référentiels.

Les résultats révèlent une baisse significative de 59 % du volume global de prescriptions de fluoroquinolones sur la période, une baisse qui avait déjà été relevée dans l’étude Epi-Phare sur l’utilisation en vie réelle des fluoroquinolones entre 2014 et 2023 à partir du Système national des données de santé (SNDS). Cependant, on note la persistance préoccupante de non-conformités aux recommandations récentes. Si environ 75 % des prescriptions en 2023 étaient conformes aux autorisations de mise sur le marché (AMM) ou aux recommandations de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) de 2015, cette proportion chute à moins de 25 % lorsqu’on applique les critères plus stricts de la Haute Autorité de santé (HAS) en 2016 et 2021, et ceux de l’indication révisée par l’Agence européenne du médicament en 2019. L’écart apparaît particulièrement prononcé chez les femmes et les patients âgés de 75 ans et plus.

Si on se base sur les critères antérieurs (indications AMM et recommandations SPILF 2015), les prescriptions hors cadre en 2023 concernaient surtout les infections respiratoires (33 à 46 % des cas), suivies des infections oto-rhino-laryngologiques (ORL, 29 à 33 %), puis des infections urinaires et prostatiques (4 à 10 %). Mais si on suit les référentiels les plus récents (indications révisées 2019 et HAS 2021), les infections urinaires et prostatiques représentent 64 à 65 % des usages non conformes, tandis que les infections respiratoires et ORL ne comptent plus que pour 14 à 16 % des cas.

Nous rappelons donc la nécessité de se référer notamment aux recommandations de bonne pratique publiées par la HAS et aux recommandations de la SPILF de 2025 et le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) avant toute prescription de fluoroquinolones.

La lutte contre ce mésusage nécessite une mobilisation collective

Ces dernières années, nous avons pris de nombreuses mesures afin de renforcer la connaissance et l’application des recommandations visant à limiter les risques associés aux fluoroquinolones :
  • 2019 : restriction européenne des indications des fluoroquinolones après réévaluation de leur rapport bénéfice-risques par le comité de pharmacovigilance européen (Prac) de l’Agence européenne des médicaments ;
  • 2022 : mise en ligne d'un dossier thématique sur le site de l’ANSM pour informer plus largement le grand public sur les types d’effets indésirables liés aux fluoroquinolones et la conduite à tenir par les patients dès les premiers symptômes ;
  • 2023 : mise en place sur les boîtes de fluoroquinolones d'un message d'alerte associé à un QR code renvoyant au dossier thématique de l'ANSM (ci-dessous)  ;
  • 2023 : e-mailing aux prescripteurs et  intégration de messages dans les logiciels d'aide à la prescription et d'aide à la dispensation.
Néanmoins, l’écart entre les pratiques cliniques et les référentiels actualisés persiste dans l’utilisation des fluoroquinolones en France traduisant la nécessité de poursuivre la mobilisation. Face à la persistance du mésusage des fluoroquinolones, l’ANSM  alerte de nouveau les prescripteurs, sur le respect indispensable des référentiels de prescription.

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