PUBLIÉ LE 12/06/2020
- MIS À JOUR LE 16/03/2021
Usage des médicaments de ville en France durant l’épidémie de Covid-19 : point de situation à la fin du confinement
Mise à jour des points d'information publiés les 4 mai et 21 avril 2020
Le groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE constitué par l’Ansm et la Cnam publie les résultats d’une étude de pharmaco-épidémiologie portant sur la dispensation sur ordonnance en pharmacie d’officine de médicaments remboursés pendant les 8 semaines de confinement et la première semaine post-confinement.
Réalisée à partir des données du Système national des données de santé (SNDS), cette étude a pour objectif de caractériser les comportements de consommation de la population vis-à-vis des médicaments prescrits en ville, qu’ils soient en lien ou non avec la Covid-19, dans le contexte particulier de l’épidémie de Covid-19 et du confinement. En se basant sur l’analyse de 725 millions d’ordonnances, elle compare, pour 58 classes thérapeutiques, le nombre de personnes ayant eu une délivrance de médicaments remboursés en pharmacie chaque semaine depuis mars 2020 au nombre “attendu” estimé sur la base de la même période en 2018 et 2019.Les résultats après huit semaines de confinement et une semaine post-confinement montrent que durant cette période, la consommation de médicaments de ville en France a été profondément modifiée.
- Ils mettent pour la première fois en évidence une forte baisse de l’instauration de traitements pour de nouveaux patients pendant le confinement (-39% pour les antihypertenseurs, -48,5% pour les antidiabétiques et -49% pour les statines). Ces résultats corroborent la baisse de l’activité de médecine de ville malgré le développement de la téléconsultation. Ces baisses correspondaient à plus de 100 000 patients hypertendus, 37 500 diabétiques et 70 000 personnes relevant d’un traitement par statines et non traitées.
- De plus, ils montrent que la très forte diminution de la délivrance de produits nécessitant une administration par un professionnel de santé déjà rapportée précédemment s’est poursuivie jusqu’à la fin du confinement et au-delà. Cette baisse concerne notamment les vaccins (-6% pour les vaccins penta/hexavalents des nourrissons, -43% pour les vaccins anti-HPV, -16% pour le ROR et -48% pour les vaccins antitétaniques la dernière semaine du confinement, cette diminution étant encore observée la semaine post-confinement) et les produits destinés aux actes diagnostiques médicaux tels que coloscopies (-62%), scanners (-38%) et IRM (-44%). Les examens non pratiqués de coloscopies (-180 000), IRM (-200 000), scanner (¬-375 000) indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves en poussée, pourraient entraîner des retards de prise en charge.
- En outre, l’effondrement de l’utilisation de l’antibiothérapie (-30 à -40%), en particulier chez les enfants (- 765 000 traitements antibiotiques durant le confinement chez les 0 à 19 ans par rapport à l’attendu) a persisté pendant toute la durée du confinement et au cours de la semaine suivante, pouvant s’expliquer par un effet de l’arrêt de la circulation de tous les virus (hors SARS-Cov-2) et autres agents infectieux avec la fermeture des crèches et des établissements scolaires durant le confinement et leur réouverture partielle la première semaine post-confinement.
- A l’inverse, certaines classes thérapeutiques ont vu leur utilisation augmenter en fin de confinement et lors de la première semaine de post-confinement, en particulier les hypnotiques (+6,9% la première semaine post-confinement) et à un degré moindre les anxiolytiques (+1,2% la première semaine post-confinement). Comme plusieurs enquêtes le soulignent, le confinement et ses conséquences sociales, professionnelles et économiques ont pu engendrer des troubles du sommeil et de l’anxiété. Les antidépresseurs n’étaient pas concernés par cette hausse à l’issue immédiate de la période de confinement.