PUBLIÉ LE 09/11/2022
- MIS À JOUR LE 06/10/2023
Méthadone : les précautions à prendre pour éviter le surdosage
Les signalements d’hospitalisations et de décès liés à un surdosage en méthadone chez les usagers de drogues continuant de progresser, nous rappelons les règles de bon usage de la méthadone qui permettent d’éviter ces surdosages.
Nous rappelons également l’intérêt d’avoir systématiquement avec soi un kit de naloxone prête à l’emploi. Administré rapidement, cet antidote permet de bloquer temporairement les effets d’une overdose à un opioïde tel que la méthadone, dans l’attente d’une prise en charge d’urgence par une structure médicale.
Chlorhydrate de méthadone APHP et Méthadone AP-HP sont les médicaments à base de méthadone indiqués dans le traitement de substitution des pharmacodépendances majeures aux opioïdes, dans le cadre d’une prise en charge médicale, sociale et psychologique chez les adultes et les adolescents de plus de 15 ans.Leur utilisation croissante témoigne d’une amélioration de la prise en charge des usagers de drogues. Comme les autres traitements de substitution aux opioïdes, la méthadone contribue aussi à prévenir la transmission des infections virales (VIH, hépatite B et hépatite C).
Cependant, les risques connus et potentiellement mortels de surdosage et d’usage détourné associés à la méthadone ont conduit à mettre en place des conditions de prescription et de délivrance particulières pour les médicaments qui en contiennent, ainsi que des documents d’information destinés à réduire ces risques et une surveillance renforcée en addictovigilance par l’ANSM et son réseau (CEIP-A) depuis plus de 10 ans.
Le suivi national d’addictovigilance de la méthadone met en évidence une augmentation des hospitalisations et des décès liés à un surdosage en méthadone (3,4 décès pour 1000 usagers dans l’enquête DRAMES de 2020 vs 2,8 décès pour 1000 usagers dans celle de 2019). Ces cas de surdosages sont notamment liés à un ou plusieurs facteurs :
- augmentation de l’usage détourné de la méthadone;
- méconnaissance de la puissance pharmacologique de la méthadone ;
- méconnaissance de ses nombreuses interactions avec d’autres médicaments ;
- recours insuffisant à la naloxone, antidote pour le traitement d’urgence des surdosages.
Information pour les patients, les usagers de drogues et leur entourage sur les risques de surdosage en méthadone
Quels sont les risques liés à un surdosage ?
Un surdosage en méthadone constitue un danger vital qui nécessite un traitement en urgence
Comment prévenir un surdosage ?
- Ne donnez jamais de méthadone à une autre personne
- Ne prenez pas de méthadone en dehors de toute prescription
- Ne prenez pas de méthadone avec de l’alcool, d’autres opioïdes, des anxiolytiques, des sédatifs, de la prégabaline, de l’héroïne ou de la cocaïne
- Conservez la méthadone dans un endroit fermé à clef, hors de la portée et de la vue des enfants
- N’ouvrez jamais à l’avance le flacon, ne sortez jamais à l’avance les comprimés de leur plaquette
- Ayez toujours à votre disposition un kit de naloxone prête à l’emploi. La naloxone peut être obtenue, avec ou sans ordonnance, en pharmacie ou en centre de soins spécialisés (centres de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD)).
Quels sont les signes de surdosage ?
Ils n’apparaissent pas immédiatement après l’ingestion de méthadone et peuvent se manifester jusqu’à quatre heures plus tard. L’absence de signes d’intoxication ne doit donc pas être considérée comme rassurante.
Ces signes peuvent être un ralentissement de la respiration et une respiration moins profonde (dépression respiratoire) pouvant conduire à un arrêt respiratoire et à la mort. Un surdosage peut aussi s’accompagner de troubles de la conscience, nausées et vomissements, transpiration, hypoglycémie, rétrécissement de la pupille, somnolence sévère, voire de coma.
Ces signes peuvent être un ralentissement de la respiration et une respiration moins profonde (dépression respiratoire) pouvant conduire à un arrêt respiratoire et à la mort. Un surdosage peut aussi s’accompagner de troubles de la conscience, nausées et vomissements, transpiration, hypoglycémie, rétrécissement de la pupille, somnolence sévère, voire de coma.
Que faire en cas de surdosage ou de risque de surdosage ?
Si une personne (enfant ou adulte) a ingéré de la méthadone qui ne lui était pas destinée, et en cas de suspicion de surdosage :
- Contactez immédiatement un service d’urgence : 15 (SAMU), 18 (pompiers) ou 112 (toutes urgences : médicales, incendie, sécurité) ;
- Administrez-lui de la naloxone et maintenez-la éveillée jusqu’à l’arrivée des secours :
- A partir de 14 ans, vous pouvez utiliser de la naloxone en solution pour pulvérisation nasale.
- Chez l’adulte, la naloxone en solution injectable par voie intramusculaire est aussi autorisée.
Information pour les professionnels de santé
Comment initier un traitement par méthadone ?
L’initiation d’un traitement par méthadone est une phase sensible
Le risque de surdosage est particulièrement important lors de la période d’initiation du traitement, période qui peut nécessiter une dispensation quotidienne.
La dispensation du sirop en récipient unidose est limitée à 14 jours.
Le patient devra être étroitement surveillé afin de détecter tout signe de dépression respiratoire et de sédation.
Une surveillance clinique, électrolytique et ECG est également nécessaire pour les patients présentant un risque d’allongement de l’intervalle QT.
En cas d’arrêt puis de reprise du traitement, les mêmes précautions doivent être prises que lors de la mise en place initiale.
Le risque de surdosage est particulièrement important lors de la période d’initiation du traitement, période qui peut nécessiter une dispensation quotidienne.
La dispensation du sirop en récipient unidose est limitée à 14 jours.
Le patient devra être étroitement surveillé afin de détecter tout signe de dépression respiratoire et de sédation.
Une surveillance clinique, électrolytique et ECG est également nécessaire pour les patients présentant un risque d’allongement de l’intervalle QT.
En cas d’arrêt puis de reprise du traitement, les mêmes précautions doivent être prises que lors de la mise en place initiale.
Quelles informations sont indispensables pour le patient ?
Bien informer les patients est particulièrement important pour éviter des surdosages, en particulier :
- Les patients qui ne consomment pas ou peu d’opioïdes (dose létale : 1 mg/kg)
- A l’initiation du traitement
- Après un arrêt (même court) ou une diminution des doses.
- Rappeler les risques de surdosage et de décès
- Rappeler les précautions d’emploi et de stockage
- Remettre les documents d’information
- Alerter sur les signes de surdosage
- Expliquer comment réagir en cas de surdosage ou d’ingestion par une personne qui n’aurait pas dû prendre de méthadone
- Prescrire ou proposer un kit de naloxone prête à l’emploi. La naloxone, antidote des surdosages aux opioïdes est disponible sous forme de kit prêt à l’emploi facilement utilisable par les usagers ou leur entourage en l’absence d’un professionnel de santé. Une administration répétée peut parfois être nécessaire.
Rappel des conditions de prescription et de délivrance de la méthadone
Méthadone, sirop | Méthadone, gélules | |
Réglementation | Stupéfiant | |
Support de prescription | Ordonnance sécurisée | |
Prescription initiale réservée à certains médecins | Médecins exerçant dans les CSAPA Médecins hospitaliers à l'occasion d'une hospitalisation, d'une consultation ou en milieu pénitentiaire |
Médecins exerçant dans les CSAPA Médecins exerçant dans les services hospitaliers spécialisés dans les soins aux toxicomanes |
Fractionnement de la délivrance | 7 jours maximum, sauf mention expresse du prescripteur | |
Durée maximale de prescription | 14 jours | 28 jours |
Le prescripteur peut préciser sur l’ordonnance la durée de chaque fraction, ou exclure le fractionnement en mentionnant sur l’ordonnance "délivrance en une seule fois", ou préciser que la dispensation doit se faire quotidiennement. |