L'ANSM face à la COVID-19
L’ANSM s’est mobilisée au quotidien tout au long de l’année 2020, en lien étroit avec le ministère des Solidarités et de la Santé, les services de l’Etat et l'ensemble des acteurs de la santé, dans le contexte exceptionnel de la COVID-19. En tant que service public et agence de sécurité sanitaire, elle s’est organisée pour continuer à assurer ses missions essentielles et répondre à celles directement liées à la pandémie, tout en adoptant de nouvelles modalités de travail garantissant la sécurité de ses agents.
Dès le début de la pandémie, les équipes de l’ANSM se sont investies sur plusieurs volets afin d’anticiper les conséquences de la COVID-19 sur la disponibilité des médicaments et des dispositifs médicaux et encadrer les pratiques. Face à cette situation inédite, l’ANSM a eu pour seul objectif de contribuer à soigner les patients, qu’ils soient atteints de la COVID-19 ou qu’ils aient besoin de médicaments de manière ponctuelle ou continue dans le cadre du traitement d’une maladie chronique.
Ainsi, elle a accompagné et encadré les acteurs qui proposaient des solutions innovantes de fabrication de dispositifs médicaux et publié des avis et recommandations sur ceux indispensables à la prise en charge du patient (masques, ventilateurs, dispositifs d’oxygénothérapie).
Pour faciliter la mise en place d’essais cliniques portant sur la prise en charge des patients atteints de la COVID-19 et poursuivre dans les meilleures conditions de sécurité les autres essais, l’ANSM s’est engagée auprès des équipes de recherche afin d’adapter les conditions de la poursuite de la recherche clinique aux contraintes de la situation sanitaire et d’élaborer procédures accélérées d'évaluation.
Elle a également favorisé l’accès précoce à certains médicaments et dispositifs médicaux dans le traitement de la COVID-19 via un dispositif d’autorisation temporaire d’utilisation et un dispositif de dérogation.
Avec ses homologues européens, l’Agence s’est fortement mobilisée pour l’évaluation des vaccins contre la COVID-19 et a assuré, dès le lancement de la campagne de vaccination, une surveillance renforcée des effets indésirables.
Un dispositif de surveillance renforcée des traitements et dispositifs médicaux utilisés pour la prise en charge des patients touchés par la COVID-19 a par ailleurs été organisé en lien avec le réseau national des centres de pharmacovigilance (CRPV) et les professionnels de santé.
L’ANSM a également veillé à la bonne information, à la fois en interne et auprès de ses parties prenantes et du grand public, en communiquant tout au long de l’année sur ses actions et décisions.
L’Agence a assuré la gestion de la crise sanitaire tout en adaptant son organisation, afin d’assurer les conditions nécessaires à la sécurité de ses agents et au bon déroulement de leur travail.
Temps forts
Découvrez ici les temps forts de l'année 2020
Janvier - Février
- 22 janvier : déclenchement de la procédure de gestion des situations sanitaires à risque élevé (SRE)
- Identification des médicaments et des dispositifs médicaux pouvant être touchés par la fermeture des usines chinoises et mobilisation des industriels afin de connaître l’état de leurs stocks jugés indispensables
- Mise en place d’un suivi des dispositifs médicaux essentiels notamment en réanimation et recherche d’alternatives
- 27 janvier : activation du Centre de crise sanitaire (CCS) de la Direction générale de la santé
- 20 février : la SRE devient une SSE (situation sanitaire exceptionnelle)
- 21 février : mise en place de la cellule de crise ANSM
- 25 février : mise en place de la cellule « Plan de continuité de l’activité » (PCA)
- 27 février : création d’un « groupe contact » pour anticiper et gérer les tensions d’approvisionnement en dispositifs médicaux
En gras, les temps forts nationaux
Mars
- 1er mars : mise en place d’un contrôle documentaire pour les tests diagnostic in vitro, notamment les tests RT-PCR du SARS-CoV-2
- 13 mars : mise en place d’un processus temporaire et dérogatoire pour l’utilisation de dispositifs médicaux alternatifs
- 17 mars :
- activation de la Cellule interministérielle de crise (CIC) et début du confinement
- généralisation du télétravail à l’ANSM
- encadrement des conditions de délivrance des médicaments à base de paracétamol
- 20 mars : essais cliniques : procédures accélérées pour l’évaluation des traitements de la COVID-19 et recommandations aux promoteurs sur les essais en cours
- 23 mars : l’état d’urgence sanitaire est déclaré
- 26 et 30 mars : restriction des conditions d’utilisation et de délivrance de Plaquénil (hydroxychloroquine) et Kalétra
- 30 mars : lancement de 2 enquêtes de pharmacovigilance pour la surveillance des effets indésirables chez des patients pris en charge dans le contexte de la COVID-19
Avril
- 1er avril :
- création de la cellule Régulation des médicaments de réanimation
- première réunion du comité de suivi ANSM/CRPV sur les médicaments utilisés pour les patients atteints de la COVID-19
- 3 avril : autorisation à titre exceptionnel de médicaments à usage vétérinaire en cas de rupture de stocks
- 9 avril : mise en place de la cellule Anticipation
- A partir du 20 avril : mise en place des comités hebdomadaires de suivi des effets indésirables des médicaments utilisés dans la prise en charge de la COVID-19 et publication chaque semaine des bilans sur le site de l’ANSM
- 21 avril : publication du premier point de situation sur l’usage des médicaments en ville durant l’épidémie de COVID-19 (sur les deux premières semaines du confinement)
- 23 avril : mise en place d’un suivi de PV renforcé des médicaments importés par Santé Publique France
- 27 avril : première régulation hebdomadaire de médicaments de réanimation en lien avec les ARS et le centre de crise sanitaire
- 23 avril : limitation de l’utilisation de substituts nicotiniques
- 28 avril :
- mise en place de conférences téléphoniques européennes sur les dérogations DM
- présentation de la stratégie nationale de déconfinement
- 29 avril : décision autorisant la collecte, la préparation, la conservation, la distribution et la délivrance du produit sanguin labile « plasma convalescent COVID-19 » et le soumettant à des conditions particulières d’utilisation dans l'intérêt de la santé publique
Mai - Juin - Juillet
- 7 mai : mise en place d’un groupe de travail relatif aux conséquences de la COVID-19 sur l’activité des CRPV
- 11 mai : première phase de déconfinement
- 12 mai : prorogation de l’état d’urgence sanitaire jusqu'au 10 juillet 2020 inclus
- 26 mai : suspension par précaution des essais cliniques évaluant l’hydroxychloroquine
- 28 mai : protocole ANSM sur le déconfinement de l’Agence
- 29 mai : lancement de l’enquête interne « Comment avez-vous vécu le confinement ? »
- 2 juin :
- deuxième phase du déconfinement
- retour progressif des agents sur site
- 15 juillet : octroi d’une ATU de cohorte pour le médicament remdesivir
- 27 juillet : dernière régulation hebdomadaire de médicaments de réanimation en lien avec les ARS et le centre de crise sanitaire
Août - Septembre
- La France est désignée co-rapporteur au sein de l’Union européenne pour le vaccin Cominarty de Pfizer/Biontech
- 1er août : mise en place du dispositif de surveillance des médicaments de réanimation en lien avec le centre de crise sanitaire
- 1er septembre : lancement de la revue de la conformité aux exigences établies par la HAS des dossiers de tests antigéniques, en vue de leur utilisation dans la stratégie gouvernementale « Tester, Alerter, Protéger »
- 6 septembre : le Conseil d'Etat se prononce sur la possibilité pour les préfets d'imposer le port du masque à titre général
- 20 septembre : création de la task-force vaccins ANSM pour prendre en charge l’autorisation des futurs vaccins
- 24 septembre : annonce d’un nouveau classement des départements en fonction de la gravité de l’épidémie
Octobre - Novembre
- 6 octobre : début de la rolling-review du vaccin Comirnaty de Pfizer-BioNtech
- 14 octobre : rétablissement de l’état d’urgence sanitaire
- 17 octobre : instauration du couvre-feu dans les zones en alerte maximale (8 métropoles et région Île-de-France)
- 23 octobre : le couvre-feu est étendu à 54 départements au total
- 23 octobre : refus de la RTU pour l’hydroxychloroquine
- 26 octobre : nouvelle généralisation du télétravail à l’ANSM
- 29 octobre : suspension des inclusions dans les essais cliniques évaluant l’anakinra dans la prise en charge de la COVID-19
- 31 octobre : début d’un nouveau confinement pour une durée a minima de 4 semaines
- 2 novembre : révision du protocole de traitement permettant une réutilisation des masques en tissu à usage non sanitaires prévus dans le cadre de l’épidémie COVID-19
- 9 novembre : la Haute autorité de la santé (HAS) lance une consultation publique sur la stratégie vaccinale (jusqu’au 30 novembre)
- 16 novembre : début de la rolling-review du vaccin Moderna
- 28 novembre : allègement du confinement (réouverture des petits commerces, reprise des cultes, déplacements autorisés 3 heures dans un rayon de 20 km, etc.)
- 30 novembre :
- dépôt des demandes d’AMM pour les vaccins de Pfizer-BioNtech et de Moderna
- la HAS publie une stratégie vaccinale en 5 phases
Décembre
- 4 décembre : recommandation temporaire pour l’ajout d’une mention de prudence dans les publicités en faveur des médicaments utilisés pour atténuer les symptômes évocateurs de la COVID-19
- 7 décembre : réunion d’information des 31 CRPV sur l’organisation de la surveillance renforcée des vaccins COVID-19
- 8 décembre : CSP de surveillance et pharmacovigilance extraordinaire sur l’organisation de la surveillance renforcée des vaccins COVID-19
- 10 décembre : réunion d’information de l’ensemble des parties prenantes sur l’organisation de la surveillance renforcée des vaccins COVID-19
- 15 décembre : couvre-feu national de 20h à 6h
- 16 décembre : mise en place d’une enquête de PV relative au suivi des effets indésirables survenus suite à la vaccination contre la COVID-19
- 21 décembre : autorisation du vaccin Comirnaty (BioNTech/Pfizer)
- 22 décembre : décision de suspension d'importation, de mise sur le marché, de distribution, de publicité et d'utilisation des tests rapides VivaDiag en raison de faux positifs
- 24 décembre : déploiement du dispositif de surveillance renforcée des vaccins contre la COVID-19
- 25 décembre : premier cas de variant anglais de la COVID-19 détecté en France
- 27 décembre : première injection du vaccin Comirnaty (BioNTech/Pfizer)
- 28 décembre : levée de la suspension des inclusions dans les essais cliniques évaluant l’anakinra
- 31 décembre : publication du 1er bilan de suivi de pharmacovigilance des vaccins contre la COVID-19
Regards sur... le rôle de l'ANSM dans l'évaluation d'un vaccin COVID-19
Interview d’Alexandre Moreau et de Jean-Michel Race, représentants de la France au Comité des médicaments à usage humain | |
![]() |
![]() |
Deux pays sont sélectionnés pour l’évaluation approfondie du dossier de demande d’autorisation. Ces pays dits rapporteurs doivent présenter dans un délai fixé leurs recommandations qui seront soumises aux autres pays membres du Comité des médicaments à usage humain (CHMP) pour commentaire.
Une fois que l’ensemble du dossier a été revu, critiqué, et que le demandeur a répondu aux questions posées, le CHMP émet un avis, éventuellement positif, et propose un RCP, une notice et un étiquetage. Le CHMP a au maximum 210 jours pour évaluer les nouvelles demandes d’AMM (autorisation de mise sur le marché). L’EMA adresse ensuite cet avis à la Commission Européenne (CE) qui va décider ou non d’octroyer une AMM permettant la mise sur le marché du médicament dans les 27 États membres. Un délai de deux mois environ est attendu entre la recommandation de l’EMA et la décision finale de la CE.
AM : L’évaluation repose sur les autorités nationales des 27 Etats-membres, dont l’ANSM pour la France. L’Agence européenne des médicaments coordonne, mais n’évalue pas. Pour cela, elle mobilise le rapporteur et le co-rapporteur, chargés d’émettre un rapport d’évaluation, mais aussi l’ensemble des autorités nationales, qui sont destinataires du rapport et peuvent le commenter. Le rapport est présenté en séance par le rapporteur et le co-rapporteur, il est discuté et adopté s’il emporte une majorité de 17 membres. Les débats sont très riches, intenses le plus souvent. Chaque Etat membre a la possibilité de présenter des objections majeures ou de demander des études complémentaires ; certains points plus mineurs sont éclaircis directement en séance.
JMR : Il faut tenir compte des divergences et des sensibilités propres à chaque Etat membre car il y a des spécificités nationales tenant aux systèmes de santé respectifs. Ce jeu d’échanges est fondamental dans l’élaboration de la décision d’AMM et il est indispensable de prendre en considération les différents arguments présentés sur chaque partie du dossier par l’ensemble des États membres pour prendre la bonne décision.
JMR : Le peer-reviewer joue un rôle important. Il est en quelque sorte le relecteur du rapport et à ce titre le garant de sa qualité.
AM : Nous devons démontrer notre robustesse et motiver nos candidatures avec les CV des équipes d’évaluateurs. C’est ensuite le secrétariat du CHMP, notamment composé du président et du vice-président, qui sélectionne les équipes et c’est la meilleure qui l’emporte. L’ANSM obtient envirom 15 % des dossiers en tant que rapporteur ou corapporteur. Ce qui nous place parmi les premières agences en Europe. C’est très naturellement, compte tenu de notre expertise dans le domaine des vaccins, que nous nous sommes portés candidats pour évaluer le dossier du vaccin Comirnaty de Pfizer/BioNtech.
JMR : Quand elle se positionne, une autorité nationale s’engage aussi pour toute la durée de vie du médicament, c’est-à-dire son suivi une fois qu’il est mis sur le marché mais aussi lorsqu’il y a extension d’indication ou extension pédiatrique ou toute autre variation.
AM : Être rapporteur sur un dossier exige beaucoup de préparation et de savoir-faire en termes de communication et de diplomatie pour présenter le dossier de manière claire, convaincante et argumentée. Nous devons bien évidemment connaitre le dossier dans le détail. Par principe, en tant que rapporteur, nous défendons l’évaluation et les conclusions de nos équipes d’évaluateurs. Mais les débats nous font parfois changer d’avis en cours de séance et il nous faut alors savoir l’expliquer aux équipes en interne.
JMR : La décision d’AMM est l’aboutissement d’un long processus d’évaluation et d’échanges construit selon des sensibilités et des positions différentes. Dans la plupart des cas, il y a construction d’un consensus, mais il peut aussi y avoir arbitrage sur tout ou partie du dossier (efficacité/sécurité/qualité) et s’il y a opinion divergente d’un ou de plusieurs Etats-Membres, elle figure dans le rapport de façon très transparente.
AM : Nous sommes de véritables « couteaux suisses » ; nous devons être polyvalents et réactifs.
JMR : C’est un exercice d’équilibre où il faut arriver à faire valoir ses points de vue et être en capacité de tenir compte des points de vue des autres.
AM : La procédure a été accélérée mais les équipes ont été triplées. Dans le cas d’une rolling-review, l’AMM est toujours conditionnelle et le rapport bénéfice/risque est révocable à tout moment. Cette procédure ne peut être utilisée quand dans des situations d’urgence sanitaire.
JMR : D’une manière générale, c’est extraordinaire de participer à l’autorisation de médicaments innovants. En revanche, il est toujours délicat d’évaluer des vaccins, car les patients traités sont en bonne santé et la notion de bénéfice/risque prend une tout autre dimension. Cela l’a été d’autant plus dans une telle situation. Cette expérience a été très intense et l’évaluation a demandé un travail colossal, mais à l’arrivée ce travail était de grande qualité.
AM : C’était beaucoup de responsabilité en effet, et le premier vaccin basé sur une telle technologie. Il y a eu une extrême mobilisation des équipes de l’ANSM pour répondre à l’urgence de la situation. Au total, une vingtaine de personnes ont été mobilisées H 24 pour évaluer ce dossier. L’enjeu était énorme et la situation inédite. C’était une expérience extraordinaire, enrichissante et exaltante !
Chiffres clés
Découvrez ci-dessous l'intégralité de la partie "L'ANSM face à la COVID-19"
En téléchargeant les sous-parties de votre choix :- Surveiller la disponibilité des médicaments et des dispositifs médicaux pour assurer la couverture des besoins des patients
- Accompagner la recherche et l’innovation
- Favoriser le bon usage des produits de santé et surveiller les traitements en lien avec les Centres régionaux de pharmacovigilance
- Informer tous nos publics
- S’adapter face à la crise sanitaire